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sensationnelles qui couvraient la première page des journaux.

À la lecture de ces nouvelles, l’industriel cancella ses réserves sur le Transatlantique anglais, qui devait le conduire à Edimburg, et reprit le chemin de Chicoutimi. Il fallait éclaircir au plus tôt ce mystère, par une enquête serrée qu’il conduirait en personne.

Les nouvelles de l’inondation étaient aussi parvenues jusqu’à lui. Il ne put s’empêcher de s’apitoyer sur le sort de ces pauvres malheureux, s’attribuant une part des responsabilités, par sa mise de fonds dans la Compagnie du Barrage. On l’avait trompé, car les ingénieurs lui avaient assuré que l’inondation ne serait pas sérieuse. La fin par tous les moyens n’exige-t-elle pas de telles catastrophes ? Lawrence ne croyait-il pas nécessaire au bonheur de son roi, la dispersion des Acadiens, le vol de leurs terres et l’incendie de leurs bâtisses ?

Monsieur Drassel avait toujours soutenu auprès des directeurs qu’il valait mieux faire les expropriations au préalable ; mais il avait cédé quand les ingénieurs lui avaient assuré que le point 17, fixé comme maximum de l’exhaussement des eaux du lac, protégeait les fermes de la région. Homme droit, Hugh Drassel éprouvait les sentiments que tout homme honnête éprouve en face de l’injustice.

Parti de New-York le soir, il s’arrêta à Montréal une journée pour y régler une affaire pressante et prit le train le même soir pour Chicoutimi. En