TROISIÈME PARTIE
I
SUR LA NOUVELLE FERME DES LESCAULT
Cinq années s’étaient écoulées, depuis que Pierre Lescault avait quitté sa belle ferme de Verchères, pour aller planter sa tente dans la nouvelle paroisse de colonisation du Lac-Saint-Jean, sise sur les bords de la Tikuapé. Cinq années de travail ardu et méthodique avaient transformé la forêt vierge en belle terre à culture. À peine quelques souches, ici et là, donnaient encore à la ferme Lescault l’aspect d’une terre nouvellement défrichée. Que de sueurs, que de fatigue avait coûtées à son possesseur cette forêt, transformée en champ de blé ! Aussi, avec quel courage, lui et ses fils s’étaient-ils mis à la tâche ! « Attelés » de l’aube au crépuscule, sans jamais se lasser, les Lescault avaient suivi les traces des premiers colons de ce pays, venus de l’Anjou, du Poitou, de la Normandie et de la Bretagne ; colons à l’écorce rude, mais au courage indomptable.