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Madame Duprix et Madame Wolfe ne furent pas lentes à venir s’enquérir de l’état d’Agathe. Le domestique les fit passer au boudoir privé de Madame Drassel. Madame Wolfe, qui n’aurait pas cédé sa place aux commères de la Côte Nord[1], ne pouvait rester en place. Elle se levait, gesticulait, se rasseyait, se levait de nouveau, faisant les cent pas.

— Drame bien monté ! dit-elle. Je suis persuadée qu’ils s’aiment ! Ils ne sont pourtant pas du même rang ! C’est un aventurier qui joue superbement son rôle, mais je connais quelque chose sur son compte qui lui fera bien baisser le nez ! Imaginez-vous, continua-t-elle d’un petit ton protecteur, que Mademoiselle Drassel a refusé les avances de mon fils, un joueur de golf sans pareil, pour un simple comptable ! Les parents ignorent tout cependant. Gare au réveil ! Ils se donnent rendez-vous souvent, vous savez, du moins je le pense. D’ailleurs, j’en ai aujourd’hui la preuve ! Comme la petite comédie a été bien agencée ! Monsieur et Mademoiselle vont faire leur marche matinale sur la berge du lac ; Monsieur donne un croc en jambe à Mademoiselle, ah ! bien accidentellement ! Mademoiselle tombe à l’eau ; Monsieur la repêche, la transporte chez elle, semble tout ému, n’explique rien, mais c’est un héros ! Il n’est pas pressé. Il vient de temps en temps voir Mademoiselle pour s’enquérir de sa

  1. Voir Angéline Guillou.