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Duprix lui annonçait sa visite avec Madame Wolfe pour l’après-midi, au grand désappointement d’Agathe.

XXIV

Le lendemain matin, le soleil apparut radieux derrière la montagne de l’autre côté du Saguenay, et darda de ses premiers rayons le miroir de la toilette d’émail blanc de la chambre à coucher d’Agathe.

Avide de soleil et de lumière, Monsieur Drassel n’avait pas permis qu’on plantât d’arbres à moins de cinq cents pieds de la maison. L’immense pelouse sillonnée d’allées artistiquement disposées, bordées de fleurs odoriférantes des plus variées, fut bientôt inondée de soleil. Déjà une douce chaleur régnait à l’aurore de ce beau jour de fin juillet.

Tout était calme au dehors ; seul le chant plaintif d’un jeune chardonneret échappé de son nid, tranchait sur le silence solennel du matin. Agathe entendit le cri de l’oiseau, se leva sans faire de bruit, et s’avança vers la fenêtre.

— Si j’allais chercher ce pauvre oiselet, se dit-elle, peut-être a-t-il perdu sa mère ? Attends-moi ! petit, chuchota-t-elle, le temps de m’habiller et je cours à ton secours.

Un froissement d’aile, une petite gronderie de la mère chardonneret et tout rentra dans le silence.