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— Je vous pose une autre question : que serait-il advenu de vous si Selcault n’avait pas su le polonais ? C’est un obstacle, celui-là : la langue ! On ne connaît pas l’âme d’un peuple sans connaître sa langue. En l’ignorant, sa mentalité nous échappe. C’est pourquoi j’ai appris le français en venant au Canada, dans la province de Québec.

— Vous m’avez donné une bonne leçon, j’en profiterai, dit l’ingénieur, en prenant congé de Monsieur Drassel.

André avait, sans le savoir, défrayé les frais de la conversation sur la question du travail du dimanche. Elle avait peut-être fait un pas de géant, grâce aux principes immuables du jeune comptable, qui venait d’entrer en fonctions aux services de Monsieur Drassel.

XXII

Assis à son pupitre, André attendait anxieusement le résultat de l’entrevue de l’ingénieur avec son patron. Il ne fut pas longtemps dans l’attente, car à peine Monsieur Jennings avait-il franchi le seuil de la porte, que Monsieur Drassel pressa le bouton de la sonnette pour l’appeler.

— Monsieur Selcault, dit-il, en donnant la main à André, l’entrevue que je viens d’avoir avec Monsieur Jennings, à votre sujet, me satisfait. Vous entrez à mon service en qualité de comptable