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— Il est tout de même dangereux de jouer avec le feu, Jennings. Ces lois d’élémentaire prudence n’ont pas changé depuis que nous avons quitté les bancs de l’école.

— À la guerre comme à la guerre, alors. Il sera toujours temps d’éteindre le feu, quand il prendra. Il y a assez d’eau dans le Lac-Saint-Jean pour l’éteindre.

— Que voulez-vous dire ?

— Je précise : les intérêts en jeu sont trop considérables pour qu’on ose les attaquer de front.

— Les grands, les gouvernants, oui, je crois que nous pouvons compter sur eux. Ils sont intéressés au progrès, mais les petits, les humbles, ceux en un mot qui croient sincèrement au troisième commandement. Et puis il y a le clergé, les journaux !

— Ah ! les journaux d’aujourd’hui sont des usines à nouvelles. Ça s’achète des usines, fussent-elles à nouvelles !

— Il y a encore des journaux de principes. Vous ne les connaissez pas, parce que vous ne les lisez pas ! Allez donc acheter un évêque par exemple. Je dirai plus : allez donc acheter le curé d’Alma !

Il faudrait certainement du temps ! J’admets les obstacles, je les adore !

— Vaut encore mieux adorer Dieu, Jennings ! À propos d’obstacles, avez-vous appris le polonais ?

— Pourquoi cette question ?