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quoiqu’elle fût peut-être la plus riche héritière de la région. Elle fit le tour de leur spacieuse demeure pour se familiariser de nouveau avec les choses dont elle avait été privée pendant ses études. Elle touchait un à un les objets qui lui rappelaient les meilleurs souvenirs. Elle retourna ensuite s’asseoir près de ses parents pour leur raconter les événements de sa dernière année de pensionnat. Monsieur Drassel parut heureux des réponses en parfait anglais aux questions qu’il lui posa dans sa langue maternelle.

Le grand manufacturier était très large en fait de nationalité. Il avait épousé une Canadienne-Française et s’adressait toujours à elle en français, qu’il parlait avec un léger accent étranger ; blood is thicker than water, comme disent les Britanniques, et Monsieur Drassel n’avait pas échappé à la règle ; c’est pourquoi les réponses spontanées d’Agathe en anglais lui avaient fait énormément plaisir.

Ils causaient avec animation de choses et autres quand, à une heure assez tardive, Monsieur Drassel était appelé au téléphone de longue distance pour une affaire importante.

— On doit ignorer l’arrivée d’Agathe, dit tout simplement le millionnaire bon papa, car on ne me dérangerait pas à cette heure avancée !

— Allô ! dit Monsieur Drassel d’une voix grave.

— Allô ! répondit une voix plus douce. C’est William Jennings. Excusez-moi de vous déranger, mais j’ai cru qu’à titre d’un des principaux