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et ensuite j’ai continué avec les Polonais qui étaient à l’hôpital.

— Ces Canadiens-Français ont la facilité des langues, dit l’ingénieur se tournant du côté des directeurs. Et qu’avez-vous dit à ces enragés pour qu’ils se soient si vite calmés ?

— Je leur ai dit qu’il y avait certainement un malentendu ; que vous étiez un homme juste et droit ; que leurs réclamations seraient examinées avant d’être rejetées. J’ai même fixé une entrevue avec vous pour demain matin. Ils enverront une délégation de trois seulement, et je leur ai promis que vous la recevriez.

— Vous prenez du galon, jeune homme !

— Ça peut être parfois prudent d’en prendre, pour éviter à d’autres de perdre les leurs.

— Vous avez raison, Selcault, et je vous félicite ; mais pourquoi n’ont-ils pas voulu m’écouter quand je leur ai parlé ?

— Parbleu ! vous leur avez parlé anglais et ils n’y ont compris goutte. Ils ont cru que vous vouliez les régenter et ils n’étaient pas disposés à recevoir des reproches quand ils en avaient à vous faire.

— Vous réglerez vous-même le différend ; c’est vous qui les recevrez demain matin ; je vous donne carte blanche.

— Mais…

— Il n’y a pas de mais ! je pars ce soir pour New-York, vous dirigerez les travaux sous la direction du second ingénieur jusqu’à mon retour.