Page:Lallier - Le spectre menaçant, roman canadien, c1932.djvu/111

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 113 —

Go to it, dit-il entre ses dents en tournant le dos à son chef.

— Pardon, dit André d’un air plus sympathique, si vous permettez j’essaierai bien de les calmer.

— Vous ne savez pas ce que vous dites, répondit sèchement l’ingénieur en le regardant fixement dans les yeux, comme un homme qui perd tout à coup la raison. Croyez-vous que vous réussirez où j’ai failli ?

— Sans trop présumer de mes forces, je puis toujours essayer, répondit André sans paraître du tout impressionné.

Des coups violents retentirent dans la porte du bureau de l’ingénieur. La meute avait gravi les escaliers, brisant tout sur son passage, et menaçait maintenant Monsieur Jennings dans son bureau. Sans attendre de réponse, André se précipita à l’extérieur et s’adressa en polonais aux émeutiers.

— Camarades ! dit-il, ce n’est pas ainsi qu’on s’y prend pour faire redresser ses torts ; la violence est mauvaise plaideuse…

Cinq minutes s’étaient à peine écoulées depuis qu’André avait commencé à les haranguer que les applaudissements marquaient l’approbation des paroles de paix qu’il leur adressait. L’acte de bravoure du jeune comptable était encore présent à la mémoire des ouvriers qui avaient été témoins du repêchage de Jack Brown, leur compagnon de travail.