Page:Lallier - Le spectre menaçant, roman canadien, c1932.djvu/110

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 112 —

Quand les directeurs de la Compagnie de construction arrivèrent, Monsieur Jennings les reçut avec le large sourire qui illuminait sa figure franche, chaque fois qu’ils venaient visiter les travaux.

L’ingénieur était à expliquer aux directeurs les dommages causés par la débâcle, quand on entendit tout à coup une vive clameur monter du gouffre où étaient les ouvriers. Cinq cents hommes armés de pics et de pelles menaçaient la vie du contremaître.

L’ingénieur en second escalada la falaise pour venir avertir l’ingénieur de ce qui se passait. Celui-ci se précipita vers le lieu du désordre pour essayer de faire entendre raison aux émeutiers. En dépit de ses efforts, les vociférations de ces pauvres mercenaires s’accentuaient. Ils menaçaient maintenant l’ingénieur lui-même, qui dut se réfugier dans son bureau avec les directeurs. Pâle de colère devant ce scandale qui éclatait à un moment si inopportun, il saisit le révolver qui était sur le bureau du comptable, et partit pour sortir, quand celui-ci l’interrogea.

— Qu’y a-t-il donc ? dit-il, n’ayant rien entendu des clameurs venant du dehors.

— Il y a…, il y a…, que je vais de ce pas flamber la cervelle à ces brutes qui choisissent un aussi mauvais moment pour créer du trouble et ruiner ma réputation. Ils mourront ou je mourrai moi-même.

Jarvis se contenta de sourire, heureux des difficultés auxquelles son maître était en butte.