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bruit épouvantable, le barrage de glace céda, entraînant tout après lui dans le torrent impétueux. Combien de vies humaines périrent dans cette hécatombe ? Dieu seul, vengeur de son jour profané, le sait.

Le lendemain, quand le jour pointa à l’horizon, l’ingénieur Jennings était sur les lieux, attendant pour voir l’étendue du désastre. Il fut tout surpris de voir André à ses côtés qui, lui aussi, était anxieux de voir les dégâts causés par la débâcle.

— Est-ce vrai, lui dit l’ingénieur, que le curé a prêché contre nous hier ?

— Je ne saurais dire qu’il a prêché contre vous ; mais je sais qu’il a prêché contre la violation du dimanche et que, citant les paroles de l’Exode, il a dit : Celui qui travaillera le jour du sabbat sera puni de mort.

— Ma foi, si j’étais superstitieux je croirais qu’il l’a souhaité…, mais heureusement je n’ai pas de ces faiblesses, s’empressa-t-il d’ajouter.

— Pour moi qui ai la foi, répondit André, j’y vois la main de Dieu !

— Croyez-vous que Dieu s’occupe de ces misères et qu’il ait fait fondre la neige cet avant midi pour donner raison au curé d’Alma ?

— Je n’affirme rien, mais je sais que Dieu punit souvent les hommes par où ils ont péché.

— Ce sont des histoires pour les vieilles femmes, ça. Un homme ne se laisse pas influencer avec ces balivernes.