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au sujet d’André. Sans douter de son honnêteté, c’était peut-être une tentation trop forte pour un jeune homme de son âge, que de lui confier de si grosses sommes. Il ne dit rien à personne, se coiffa de son casque de montagne, endossa son « chat sauvage », et les suivit de loin.

À peine André et le gardien avaient-ils franchi un demi-mille, que deux hommes masqués sortirent du taillis qui longe la route de l’Isle Maligne à Saint-Joseph-d’Alma et suivirent de près les deux compagnons de route. À un tournant du chemin, un des individus qui marchait sur la pointe des pieds s’empara du sac de cuir dans lequel étaient contenues les valeurs, pendant que l’autre saisit le gros gardien par derrière et le renversa par terre.

André saisit d’un coup d’œil toute la situation et le pénitencier Saint-Vincent-de-Paul se dressa tout à coup devant lui en fantôme. C’était sa première chance de se servir des tours de la « savate » française, qu’il avait appris, et vif comme l’éclair il frappa de ses deux bottes son agresseur en pleine figure. Celui-ci tomba inerte sur la neige, saignant comme un bœuf. Comme l’autre allait à son secours, un coup de botte du pied gauche l’envoya rouler par terre à son tour. Pour être sûr de ne pas les échapper, il les ficela l’un à l’autre en attendant d’aller chercher du secours.

Allait-il rebrousser chemin après ce contretemps ? Non, Monsieur Jarvis lui avait confié des valeurs pour la banque ; il les livrerait d’abord,