Page:Lallier - Angéline Guillou, 1930.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 92 —

tout. J’ai fait vœu d’humilité ! Ça ne pourra que me faire du bien. Si ça réussit, c’est tout le monde qui en profitera et ça sera encore la volonté du bon Dieu.

Certains orateurs louaient, soit le député, soit le capitaine, ou encore le gouvernement qui avait sustenté l’entreprise, suivant que leurs sympathies allaient aux uns ou aux autres. L’entrain et la gaieté régnaient dans toute la salle. Angéline occupait une place à table avec les notables presqu’en face du capitaine qui lui faisait l’amabilité de s’occuper d’elle, quand le télégraphiste entra précipitamment dans la salle et alla porter à Jacques une enveloppe contenant un télégramme.

— Vous permettez ? dit l’aviateur tout en ouvrant l’enveloppe.

— Faites, capitaine ! fut la réponse unanime de l’assistance.

Tout le monde observa les convulsions qui se produisirent sur la figure du héros de la fête à mesure qu’il avançait dans la lecture du message.

Le capitaine se leva, grave, et lut tout haut le télégramme suivant :


Capitaine Jacques Vigneault,
Rivière-au-Tonnerre.


Deux aviateurs français partis Paris aéroplane pour traverser Atlantique. Supposés perdus route. Probablement égarés forêts du Nord. Supposés passés au-dessus Terre-Neuve depuis quatre jours. Faites recherches. Envolées frais gouvernement. Prendre toutes précautions nécessaires pour ne pas exposer vie inutilement.

Signé : Ministre de l’Aviation.


Tout le monde resta bouche béante. Jacques tourna les yeux vers Angêline qui avait recouvert sa figure de ses mains.

— Mesdames et Messieurs, dit-il tout simplement, un nouveau devoir m’appelle ; celui de secourir des infortunés