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sortir du cimetière. Il trouva dans l’évangile et dans son cœur des mots de consolation appropriés aux circonstances, qui les laissèrent moins tristes et plus courageux.


XIX


Tout annonçait un hiver rigoureux. Le bateau de la poste, qui donnait un peu de vie à la Côte durant la belle saison, fit son dernier voyage le 8 novembre, et ce fut ensuite l’isolement complet du monde civilisé qui commença. Antoinette Dupuis ne put s’empêcher de pleurer quand elle le vit partir, tant l’isolement qu’elle ressentit lui parut complet. C’est Angéline qui à son tour fut son ange consolateur.

Comme elles cheminaient lentement ensemble après avoir assisté au départ du bateau, Antoinette ne put taire son désespoir de le voir partir.

— Il me semble, disait-elle, en voyant s’éloigner le bateau, que c’est un pont que la vague emporte et qui ne se reconstruira plus.

— Vous broyez du noir, ma chère amie, répondit Angéline. Vous verrez comme le temps passe vite. D’abord, avez-vous déjà voyagé en cométique ?

— Non, et je brûle du désir de tenter cette expérience.

— Vous voyez, répondit Angéline fière de son premier succès, qu’il y a moyen de tuer la monotonie. Ensuite nous pourrons faire du ski.

— J’adore le ski ! dit Antoinette enthousiasmée.

— Voilà déjà deux objets de vos délices trouvés, et nous en découvrirons bien d’autres. Il y a aussi la traîne sauvage (Toboggan), que vous ne devez pas ignorer, puisqu’on s’amuse ainsi durant le carnaval à Québec.

— Oh ! le carnaval ! Je vais manquer cela aussi.

— Nous aurons le nôtre, puisque nous ferons la même chose ici.