Page:Lallier - Angéline Guillou, 1930.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 45 —

vie conjugale est aussi très noble en soi, et qui sait si un jour un prince charmant ne viendra pas faire votre bonheur !

— Passe pour le prince charmant, répondit Angéline avec un léger sourire, mais je crois qu’ils sont plutôt rares à la Rivière-au-Tonnerre.

— Eh bien ! on sourit, c’est bon signe, dit le curé plus joyeux, je vais essayer de vous en trouver un.

— Dormez tranquille, Monsieur le Curé, ça ne presse pas, allez !

— Pas assez pour en faire commande d’un aux magasins Dupuis Frères ? répondit le curé qui devenait badin.

Sur ce, il souhaita une bonne nuit à Angéline et à toute la famille et retourna au presbytère.


XVI


Quand Angéline fut suffisamment remise de ses fatigues, elle résolut d’accomplir la promesse qu’elle avait faite à sa bonne mère supérieure de Sillery, celle de lui donner périodiquement de ses nouvelles. Elle lui écrivit donc en ces termes :


Rivière-au-Tonnerre, le 19 juillet.


Révérende Mère Saint-Pierre-d’Alcantara,
Couvent de Jésus-Marie de Sillery,
Sillery, près Québec (Canada).
Bonne et chère Mère,

Le retard apporté à l’accomplissement de ma promesse, que je considère cependant comme un pieux devoir, et que j’expliquerai incessamment, me laisse tout de même un peu confuse. Connaissant votre grande bonté, je me sens déjà pardonnée. Le télégramme de mon père vous apprit très laconiquement la mort de ma bien-aimée mère.