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— Je crains quelque malheur, Jacques ; non pas que je n’aie pas confiance en votre habileté, mais les pressentiments des femmes ne sont pas à dédaigner.

— Plaise à Dieu, que les vôtres le soient, répondit Jacques en badinant. Le 23 septembre vous sera-t-il agréable pour notre mariage ?

— Jacques ! ne jouez pas avec le feu, plus d’un s’y est brûlé !

— Le seul feu que je craigne, est le feu de l’enfer. De celui-là Dieu m’en garde !

— Qu’il vous garde aussi des dangers, puisque vous ne voulez pas suivre mes conseils. Je vais prier pour vous avec plus d’ardeur.

— Avec cela, ma chère fiancée, je ne crains rien.

Les pressentiments d’Angéline étaient cependant justes, car le premier samedi de septembre ne vit pas revenir le grand oiseau blanc que tout le monde considérait maintenant comme faisant partie de la vie quotidienne.

Deux jours, deux semaines et deux mois s’écoulèrent sans que Jacques donnât signe de vie. On organisa des battues partout à travers la forêt mais sans résultat pratique.

Angéline eut beau prodiguer l’or que son fiancé lui avait confié, toutes richesses furent inutiles.

Elle alla finalement confier ses peines au curé qui lui avait toujours témoigné une attention spéciale.

— Tous les sauvages ne sont pas encore partis pour la chasse ? dit le curé.

— Non, mais je crois qu’ils sont sur le point de partir, car les patrouilleurs m’ont rapporté qu’ils étaient tous rendus à Natashquan, leur point de ralliement.

— Je vais prévenir immédiatement le Père missionnaire. J’envoie incessamment un télégramme pour les avertir d’avoir à rapporter toute information qu’ils pourraient recueillir.

— Offrez aussi une récompense, Monsieur le Curé, le montant importe peu.

— C’est bien, en effet, le meilleur moyen d’obtenir des renseignements, car leur sympathie pour les blancs n’est