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— Si,… si,… mais il y aurait peut-être moyen d’organiser quelque chose pour Pâques. Imaginez-vous la joie de la population ?

— J’ai, ici même, une pièce dans laquelle j’ai tenu un rôle ; si vous la voulez je vous la passerai bien, Monsieur le Curé ?

— J’ai une autre idée. J’ai pensé que vous pourriez très bien jouer Évangéline que j’ai adaptée à la scène.

— Une création, alors ?

— Plus ou moins ! Ce n’est pas un chef-d’œuvre ; mais je crois que ce sera acceptable.

— Très bien, alors, dit la garde-malade de plus en plus enthousiasmée. Vous avez dans Angéline un sujet tout trouvé pour remplir le rôle d’Évangéline.

Le vieux curé ne laissa pas trop percer la satisfaction qu’il éprouvait, en voyant son choix confirmé par celle dont il craignait un peu l’opposition.

— Une Évangéline châtain ? interrogea-t-il d’un air simulant l’étonnement.

— Elle n’en sera que plus belle, Monsieur le Curé, car il est entendu qu’il faut qu’une Évangéline le soit ; et qui possède cette qualité à un plus haut degré qu’Angéline ?

— Oui, mais il ne faut pas le dire tout haut. Si le capitaine Vigneault vous entendait ? dit-il en regardant Angéline.

— Oh ! Monsieur le Curé ! dit Angéline en rougissant. Jacques est bien loin et la beauté est quelquefois bien éphémère.

— Va pour l’Évangéline châtain, dit le curé. Puis s’adressant à Antoinette :

Et vous, quel rôle tiendrez-vous, Mademoiselle Dupuis ?

— Mais celui de Gabriel.

— Très bien,… très bien, toujours de mieux en mieux.

— Et les institutrices ? bon, nous verrons à cela plus tard. Dites donc, pourrez-vous préparer cela pour Pâques ?

— Nous ferons notre possible, Monsieur le Curé, et, avec un peu de bonne volonté, je crois que nous réussirons.

Le bon vieux curé sortit en se frottant les mains de satisfaction.