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refrain, un passé qui ne meurt point. Si, t’attardant jusqu’au matin, tu reçois les premiers échos de l’Angélus, rappelle-toi que du beffroi de nos églises sont partis nos soupirs, l’annonce de nos joies et de nos peines. Aux jours de réjouissances ou de deuils, soit qu’elles carillonnent ou qu’elles tintent, c’est toujours le même passé qu’elles évoquent, les mêmes souvenirs qu’elles rappellent.

Écoute la voix des canotiers qui chantent en traversant le grand fleuve et tu saisiras l’écho des anciennes chansons françaises :


C’est la belle Françoise
Lon… gué…
C’est la belle Françoise
Qui veut s’y marier,
Maluron, lurette
Qui veut s’y marier
Maluron, luré.


Mais voici Beaumont avec sa vieille église historique cachée dans la verdure des arbres : Saint-Michel-de-Bellechasse doué d’une église portant la trace du temps ; Saint-Vallier avec le clocher élancé de son église surmonté du coq gaulois ; puis c’est Berthier-en-Bas, et Montmagny, ville importante, fière de la majesté des deux tours de son église toute neuve ; Cap-Saint-Ignace et, en aval, les deux clochers étincelants du vieux sanctuaire de L’Islet. En amont, sur la rive gauche, la croix celtique du cimetière de la Gosse-Isle, rappelant l’épidémie de typhus qui ravagea des milliers d’immigrants irlandais qui venaient chercher asile au Canada. À la suite de la Gosse-Isle, l’Île-aux-Grues et l’Île-aux-Oies agrémentaient la vue des voyageurs.

Tout le monde sur le pont était muet, tant les choses à contempler étaient ravissantes. De temps en temps, un Américain hasardait une question en anglais, soit aux passagers, soit aux officiers du bord, pour se renseigner sur les choses du pays. Ceux-ci leur répondaient dans leur langue, et tous étaient étonnés de voir avec quelle facilité ils alternaient du français à l’anglais et vice versa, quand