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J’eus alors l’explication de l’énigme : le maître d’hôtel n’avait pas pensé à ce détail et l’imprimeur, probablement anglais ou juif, avait été trop heureux de profiter de la bêtise de notre « batèche » de maître d’hôtel et n’avait pas réparé son oubli. Les clients de l’hôtel n’y prêtaient probablement aucune importance et il avait fini par se dire que le français n’était pas nécessaire. Il aurait pu répondre comme le jeune garçon qui disait : « Apporte-moi le rope pour attacher la cow », prétendant qu’il était plus handy de parler ainsi.

Je ne voulais pas chercher noise à mes compagnons qui m’offraient une si belle réception, mais je ne pus m’empêcher de me faire en moi-même cette réflexion : si un pareil incident était survenu à Capetown, tous les Hollandais présents seraient sortis de la salle en signe de protestation.

Pour donner une leçon à mes compatriotes sans les blesser, l’occasion se présentant, je leur racontai un petit trait où la fierté hollandaise s’était manifestée d’une manière éclatante. Au parlement de Pretoria, dont je faisais partie, le vice-président de la Chambre ayant apostrophé un député hollandais en anglais, tous les députés hollandais sortirent et ce n’est qu’après qu’il eut fait des excuses, qu’ils consentirent à reprendre leurs sièges. J’eus la satisfaction de constater que j’avais été compris.