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Placé à la droite du président, je consultai la liste des santés, qui était devant moi. Elle était rédigée en anglais. Je tournai le carton, rien ! Je jetai ensuite un coup d’œil sur le menu. Même constatation !

Je ne voulus pas blesser mes amis et je gardai le silence sur cette anomalie. J’essayai de m’expliquer ce rapprochement incompatible de visages français mangeant en anglais et de banderoles à inscriptions françaises voisinant avec des menus en anglais. J’eus beau me creuser la tête, je ne pus déchiffrer l’énigme. Était-ce le fait qui constituait le mystère ou le mystère qui rendait le fait inexplicable ?…

Mon voisin de droite, qui était un peu de mon pays, puisqu’il était originaire du bas du fleuve, étant devenu très loquace sous l’effet du champagne, me demanda ce qu’il pouvait faire pour moi.

— Passe-moi donc le menu français, Arthur !

Il cherche, demande, quitte sa place, fait le tour des tables et revient penaud. L’organisateur s’enquiert de la cause de l’émoi.

— Nous cherchons en vain un menu français, dit Arthur.

L’organisateur réfère le cas au maître d’hôtel, qui s’amène tout penaud à son tour.

— Y a ben du « batèche » là-dedans, mais je n’y ai pas pensé. Aussi, c’est la faute de l’imprimeur ! Il aurait dû y penser, lui !