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mais, moi, j’étais encore lié. Ce lien me semblait maintenant si ténu que j’étais tenté de lui crier ma liberté. Et, pourtant, ce nœud à moitié défait m’empêchait d’aspirer à un bonheur que j’avais pour ainsi dire tenu dans ma main. Il eût suffi d’une parole, avant mon départ pour l’Afrique, pour changer ma destinée et celle d’Allie. Je serais peut-être resté pauvre, mais je n’aurais jamais si bien réalisé que l’argent ne fait pas le bonheur.

Je m’aperçus qu’au cours de cette longue méditation la main d’Allie était restée dans la mienne, pendant que, les yeux baissés, elle attendait patiemment que je lui donne sa liberté. Je le fis en m’excusant de ma distraction.

— Tu ne m’as pas fait aussi mal que ce matin, heureusement ! répondit-elle souriante, en retirant sa main. À samedi ! ajouta-t-elle.


XIII


Je sortis précipitamment de la vieille maison où venaient d’être remués tant de souvenirs. Je consultai ma montre : elle marquait onze heures, et une obscurité complète régnait à la Bastille quand j’y arrivai. La porte était close. Je pressai le bouton électrique et bientôt j’entendis les pas du propriétaire qui venait m’ouvrir.