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pars demain pour Montréal, afin d’assister au banquet que m’offrent mes confrères et amis de Montréal. Je reviendrai passer le dimanche à Port-Joli, à moins que des événements graves, que je ne prévois pas, ne m’en empêchent. Si je ne reviens pas, j’écrirai.

— Alors, Olivier, c’est au revoir que je te dis. Allie me présenta sa main, cette main si délicate que j’avais failli broyer le matin même, lorsque je l’avais retrouvée sur le quai. Je la pressai délicatement. J’étais si fier de revoir cette amie d’enfance, qui était restée pour moi l’idéal de la femme !

Le portrait d’Allie était resté gravé si distinctement dans mon cœur, qu’il me semblait maintenant que je n’avais jamais été séparé d’elle. Mes vingt années d’absence m’apparaissaient comme un rêve. J’oubliais tout : honneurs, fortune, même mes malheurs. Pourquoi n’avais-je pas, dans le temps, demandé la main d’Allie ? J’ouvrais les yeux à une réalité si saisissante ! Je l’aimais réellement, trop bien peut-être pour croire à l’amour, cet amour sans passion qui s’appelle l’amitié et qui dépasse l’autre de toute la noblesse de ses sentiments. Elle aussi m’aimait encore. Elle venait de me le dire, en termes si peu voilés que je ne pouvais pas m’y tromper. J’avais laissé passer l’occasion d’être heureux et il était maintenant trop tard pour y remédier. Allie était bien libre,