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fer, elle se redressa aussitôt et, s’essuyant les yeux, elle continua :

— Il ne faut cependant pas que les enfants le sachent, Olivier. Je ne suis pas dans la gêne, je suis dans la misère. Ayant laissé notre plat de résistance au bout de la ligne dormante et ma soupe aux crevettes sur la grève, j’ai envoyé les petits chez leur tante pour qu’ils n’aient pas à partager la miche de pain disponible et le reste du poisson d’hier.

— Alors, tu ne peux m’en vouloir d’avoir donné des pièces d’or aux petits ?

— Pardonne à ma fierté, mais, quand on a occupé la position sociale qui fut la mienne, on hésite à tendre la main !

Ce fut à mon tour de pleurer sur une misère si réelle, mais si digne.

— Ne pleure pas sur mon sort, Olivier, continua-t-elle. Dieu me viendra en aide ! Sa Providence n’est-elle pas déjà venue à mon secours, en faisant éclater ta générosité ?

— Personne autre que moi ne connaît ta situation ?

— Personne, pas même Henri. Je serai bien forcée de lui avouer, cependant. Je ne puis laisser mes enfants mourir de faim ! Quant à moi, je commence à être habituée au jeûne.

— Sois tranquille, lui dis-je, je pourvoirai désormais à ton entretien.

— Que me proposes-tu, Olivier ?