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devinent-ils pas les secrets les plus intimes de leurs sœurs ?

Elle porta ses deux mains à ses yeux, mais elle les retira aussitôt, pour me les laisser voir aussi secs qu’ils pouvaient l’être. Je sentais pourtant qu’il se livrait en elle une lutte terrible. Sa fierté, qui se cabrait à la pensée d’un aveu, allait-elle triompher de son cœur qui voulait éclater. Un moment, elle resta immobile, les yeux fixés sur les portraits de son père et de sa mère, pendus au mur. À la fin, le cœur l’emporta sur la fierté, et une larme perla de ses grands yeux noirs et coula doucement sur ses joues pâles. J’aurais voulu la recueillir, pour l’analyser, cette larme solitaire tombée du cœur d’Allie ! Mais elle glissa sur sa robe blanche jusqu’à terre. Allie hésita encore un instant, me regarda fixement dans les yeux d’un air résolu et me dit :

— Je crains, mon cher Olivier, que tu n’aies trop bien deviné ma situation !

— Pourquoi aussi faut-il que tes yeux te trahissent toujours, et que j’y lise jusqu’au fond de ton âme ?

— Alors, je n’ai rien à te cacher, puisque tu devines tout !

— Et que faisais-tu de si grand matin sur la grève ?

— Tu me tortures, Olivier !

— Alors, parlons d’autres choses.