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passé ! j’aurais bien voulu l’effacer d’un trait de plume ! Mais il y avait dans ma vie tout un drame. Pourquoi ne m’a-t-elle pas questionné au sujet de mon enfant, de ma Cécile ? Elle était bien à moi, cette enfant ! Elle m’était aussi chère que les siens pouvaient l’être pour elle ! Et pourquoi ai-je gardé le silence ? Je la reverrai ce soir, me dis-je, et je lui dévoilerai tous les secrets de mon âme. N’était-elle pas l’âme sœur perdue et retrouvée ?

Il me restait deux longues heures et demie à attendre. Je retournai lentement vers la Bastille, où je croisai M. Latour. Il m’interpella :

— Nous vous croyions perdu. Vous avez disparu comme une étoile filante ! Nous avons décidé, ma femme et moi, d’aller aux noces. J’ai averti mon chauffeur d’être prêt pour sept heures. Ça commence de bonne heure ces soirées de noces campagnardes ! Vous nous accompagnez, Monsieur Reillal ?

— Je regrette, mais des affaires urgentes !… Sans cela, j’aurais éprouvé un réel bonheur à vous accompagner.

— Vous êtes durement pris pour un villégiateur !

— Mon avenir n’est pas assuré comme le vôtre !

— C’est vrai. Ça fait vingt ans que je jouis de ma fortune, et j’ai passé tous mes étés ici.

— À flâner comme cela ?