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ses yeux si expressifs une angoisse qui confirma mes doutes. Toutefois, elle ne me répondit pas et elle détourna la conversation.

— C’était charmant le mariage de ce matin ! me dit-elle. Quelle belle température il faisait ! On dit que c’est d’heureux présage… Il pleuvait à verse le jour de mon mariage, et les cœurs n’étaient pas gais ni inondés, comme aujourd’hui, par les chauds rayons du soleil de juillet. Je me suis mariée en octobre, à la chute des feuilles. Tout était lourd. Je t’avoue n’avoir pas eu la souplesse de la petite « habitante » de ce matin. Peut-être aussi son cœur était-il plus léger que le mien, en ce jour où s’ouvraient pourtant pour moi les portes de l’aisance et des honneurs. Mais, malgré moi, j’avais l’impression qu’en se refermant les portes de notre vieille église se refermaient aussi sur un passé que je ne reverrais plus.

— Tiens ! dis-je comme diversion, si nous allions aux noces, ce soir ! Cette réunion joyeuse chasserait les idées noires ! Tu sais que le marié nous a tous invités !

— Je regrette beaucoup, Olivier, mais je préfère ne pas sortir. J’ai mené une vie si retirée depuis dix ans, que tant de bruit me ferait mal.

— À bien y réfléchir, je ne dois pas y aller non plus. Ma situation irrégulière est un obstacle auquel je n’avais pas songé, dans mon enthousiasme du retour au pays.