Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
– 62 –

— Quelle distraction ! Je n’ai pourtant pas l’habitude d’être distrait. Allons ! je te suis. Tiens ! la vieille huche ! dis-je en soulevant le couvercle. Tu cuis ton pain ?

— Il le faut bien !

— Il me semble encore voir ta bonne mère en train de boulanger. Elle commençait toujours par un grand signe de croix, « afin de ne pas manquer sa cuite », disait-elle.

— Elle n’en a jamais manqué une !

— Dis-moi, faisait-elle encore de la bonne galette de sarrasin ?

— Je t’avoue franchement l’ignorer. Depuis mon mariage, je venais une fois par année, au jour de l’an. J’avais trois jours de congé et je retournais immédiatement à Montréal. M. Montreuil n’était pas prodigue de congés ; il me voulait constamment près de lui.

— C’est très flatteur pour toi !

— Je me soumettais volontiers à ce caprice.

Nous tenions cette conversation, pendant que nous visitions la vieille maison. Un parfum de galette de sarrasin avait comme flatté mon palais, lorsque j’avais soulevé le couvercle de la huche. Ah ! les souvenirs d’enfance ! Comme on les évoque peu souvent quand on s’éloigne de l’ambiance qui les fait renaître, et comme il est doux de se les rappeler, malgré leur insignifiance apparente !