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un joli minois, les autres, de somptueuses toilettes. Toutes tinrent à donner leur appréciation personnelle sur ces belles coutumes, si jalousement conservées par la saine population de la campagne.

La torche incendiaire promenée par le major anglais Montgomery avait bien pu détruire jusqu’au dernier vestige de l’habitation française, mais elle n’avait pas tout anéanti. Une fois la torche consumée et le feu éteint, la vie devait renaître des cendres de l’incendie, et les coutumes, sur lesquelles les flammes ne peuvent avoir prise, ont survécu à cet holocauste barbare.

Les quelques défections de trafiquants passés à l’ennemi n’avaient jeté de honte que sur eux-mêmes et n’avaient fait que se cabrer, dans son désir de vivre, la partie saine de la population restée attachée à sa langue et à sa foi.

L’âme canadienne-française était restée vivante, parce qu’elle s’était attachée à la terre. Pour continuer la tradition, c’était sur une terre neuve qu’allait s’établir le couple marié le matin. La paroisse s’agrandissait d’une ferme et s’augmentait d’une famille saine et prometteuse.

Tous les villégiateurs étaient retournés à l’hôtel et s’étaient rassemblés par groupements sur la falaise, pour échanger leurs impressions. Je me mêlai à un groupe de jeunes filles. L’ad-