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si la gaieté gauloise a gardé ses droits au Canada français, la vieille politesse française y a aussi conservé toute sa saveur. Qu’elle se pratique au faubourg, au premier ou au deuxième rang de la paroisse, l’hospitalité traditionnelle du petit peuple canadien ne s’est jamais démentie.

— Il est malheureux que ma fille Cécile ne soit pas ici ! me dis-je à mi-voix. Elle qui n’a jamais vu le pays de son père, mon cher pays, elle aurait été très intéressée.

En retournant à l’hôtel, je vis M. Latour à mes côtés.

— Ç’a été bien la noce ! n’est-ce pas, Monsieur Reillal ? Ce fut une vraie noce canadienne. Entre nous, j’aime mieux ça que toutes les folies des villes. (Il était converti.)

— Et quel air de santé, hein ?

— Oui ; pas de rouge de pharmacie, mais de vraies bonnes framboises écrasées sur les joues ! Et du sang vermeil ! Pas besoin pour eux de se refaire en villégiature ! C’est le peuple de la campagne qui sauvera la race !


IX


La noce à laquelle nous venions d’assister et qui m’avait paru si délicieuse ne fut pas appréciée de la même manière par nombre de jeunes filles de la ville, venues pour exhiber, les unes,