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monie, le cortège se remit en marche. Les toilettes claires des femmes tranchaient sur la teinte sombre des habits masculins. Les chevaux, pomponnés et enrubannés des couleurs les plus variées, traînaient lourdement les légers véhicules dans lesquels étaient remontés les invités. Malgré la gaucherie naturelle de cette noce campagnarde, il s’en dégageait un air de dignité, j’allais dire de grandeur, mêlé à une franche gaieté française.

Les citoyens du bas Saint-Laurent, purs de tout alliage, même intellectuel et moral, avec l’élément anglais, ont conservé presque intacte la saine gaieté qui est la principale caractéristique de la race française. Ni le flegme ni le spleen n’ont pu s’emparer de leur âme.

Non, décidément, ce n’était pas si changé que cela à Port-Joli ! Les coutumes d’autrefois étaient encore bien vivantes ! L’heure exquise que je venais de vivre était l’une des plus consolantes, depuis mon retour au pays.

— Écoutez ! les amis, avait dit le marié avant de partir. Si ça vous fait plaisir de venir aux noces, c’est sans cérémonie. Tout le monde est invité. Vous nous avez fait la politesse d’assister à notre mariage, faites-nous le plaisir de venir aux noces. À tous les hommes, je promets une danse avec la mariée.

Tout en se servant probablement d’un langage plus recherché, un homme du monde n’eût pas fait plus galamment les choses. C’est que,