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rieur. Je regardai à ma montre. Il était six heures. Je m’étais proposé d’assister à la messe de sept heures, il me restait donc une heure devant moi. Je rebroussai chemin jusqu’à la rue et m’engageai du côté de l’est. Je passai devant la maison paternelle. Rien n’était changé à l’extérieur ; c’était la même barrière en fer, forgée par mon grand-père, la même clôture, en fer forgé elle aussi, solidement assise sur ses bases de pierre à bosses, qui avaient défié le temps. C’est en vain que l’on essaye de remplacer par le ciment le solide granit de nos montagnes que taillaient si habilement nos grands-pères ! Il n’a ni sa résistance ni sa durée. Deux touffes d’asperges ornaient encore, comme autrefois, chaque côté du perron. Elles étaient plus touffues, cependant. Comme aux êtres vivants, les années leur avaient donné de l’embonpoint. Une plate-bande de fleurs vivaces, évidemment négligées, étalait encore de ces fleurs vermeilles qu’avaient si souvent cueillies les mains fines de ma mère.

Je m’aperçus que le store d’une des fenêtres était levé assez haut pour me permettre de voir à l’intérieur. Sans réfléchir sur mon indiscrétion, je me dressai sur la pointe des pieds et regardai dans la maison. Au moment le plus intéressant de mon observation, une mégère entr’ouvrit la porte et, m’apostrophant rudement, me cria :