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— Volontiers ! Depuis dix ans.

— J’ai peut-être l’air de te questionner indiscrètement, mais, dis-moi, de quelle maladie est mort ton mari ?

Un nuage sombre passa dans ses grands yeux noirs. Une larme discrète vint trahir son émotion. J’aurais voulu capter cette larme ronde et cristalline qui coula sur sa joue, pour la disséquer, l’analyser. Mais elle l’essuya du coin de son mouchoir de dentelle fine.

— Où habites-tu, à Port-Joli ?

— J’ai loué, pour les vacances, la maison paternelle. Tu viendras m’y voir, Olivier. L’endroit où nous sommes n’est guère convenable pour nous. D’ailleurs, je me sens fatiguée. La surprise… l’émotion…

— En te voyant tout habillée de noir, je me suis demandé de qui tu étais en deuil.

— De maman. Ne savais-tu pas ?

— J’arrive à peine. Je suis débarqué du bateau hier matin, à Québec, et je suis à Port-Joli depuis quatre heures hier après-midi. Je n’ai rencontré que des étrangers depuis mon arrivée. Est-il trop tard pour t’offrir mes sympathies ? Tu sais en quelle estime je tenais ta mère ! Comment se fait-il que les journaux n’aient pas annoncé sa mort ?

— Maman a toujours vécu si effacée que c’était son désir le plus sincère de disparaître ainsi, sans bruit, sans publicité. Les morts