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— Je vous demande pardon de cette intempestive ardeur, Allie ; mais, dans la surprise et la joie de vous revoir, je me suis oublié.

— Je vous comprends, Olivier, me répondit-elle avec le même calme et en baissant les yeux.

Ah ! les beaux yeux d’Allie n’avaient pas changé. Ils avaient conservé leur candeur de jadis et leurs quarante ans n’avaient pas altéré l’éclat de leurs prunelles.

— Ce n’est pas vous offenser, j’espère, Allie, de vous dire que vous avez conservé toute votre beauté ? Quelle fraîcheur de teint !

— Une femme ne refuse jamais un compliment… quand il est sincère… et fait sans arrière-pensée.

— Vous me connaissez trop bien, Allie, pour croire à des intentions louches de ma part.

— En effet, Olivier. Mais j’ai beaucoup vécu maintenant ! Les hommes changent, parfois.

— Et les femmes oublient si vite !

Allie me regarda d’un air étrange, qui avait l’air de me supplier de ne pas continuer sur ce sujet. Je détournai la conversation.

— Je croyais que vous aviez quitté Port-Joli, Allie ?

— En effet, j’habite Montréal. C’est la première fois que je reviens à Port-Joli pour y séjourner, depuis la mort de M. Montreuil.

— Depuis quand es-tu veuve ? Tu permets le tutoiement ?