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monies ». C’est pourquoi ce fut un vrai réveillon canadien « sans cérémonie », que nous prîmes cette nuit-là, dans le manoir ressuscité des seigneurs de Gaspé.


XLII


Allie et moi nous nous étions fait une vie qui, pour ne pas différer en apparence de la vie familiale ordinaire, demandait une attention et une vigilance de tous les instants. Il fallait, en effet, la hauteur d’âme d’Allie pour remplir cette tâche toute de devoir, sans les compensations des épanchements intimes que procure l’état matrimonial.

Allie, qui avait beaucoup de doigté, aplanissait les obstacles, arrondissait les angles et conjurait les orages qui montaient à l’horizon. Nos enfants grandissaient, sans que nous songions à nous en apercevoir : Jacques devenait un homme et Cécile, Olive et Marie, de grandes filles.

Jacques, après avoir fait ses humanités, avait étudié le droit et il pratiquait maintenant sa profession à Québec, où il obtenait certains succès de prétoire. Il était toujours fidèle, cependant, à venir passer ses fins de semaine au manoir.