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Quand tu tombes du ciel, en matinale ondée,
Tu répands sur la terre une couche d’émail.
Qu’un rayon de soleil a bientôt dissipée,
Pour remettre à la fleur sa couleur de corail.

N’es-tu pas, goutte de cristal, du ciel tombée,
Le symbole parfait de la tendre amitié ?
Car, toujours, tu reviens avec fidélité.
Manques-tu à l’appel, c’est la pluie annoncée.

N’est-ce pas, cher ami, qu’il fait sombre sans toi ?
Très sombre dans mon cœur, comme en un soir d’automne,
Où l’aquilon reprend son souffle monotone.
Quand, dans mon cœur, il pleut, qu’il fait bon sous ton toit !

— C’est sous ton toit, Olivier, que je voulais réciter ces vers, dit Allie, en s’asseyant.

Pendant que, de sa voix chaude et grave, Allie donnait à cette poésie des accents qui nous remuaient jusqu’au fond du cœur, Marie, Olive et Jacques, sans doute emportés par l’éloquence de leur mère, avaient formé un cercle autour d’elle. Instinctivement, Cécile s’était jointe à eux.

Allie devait avoir l’habitude de réciter par cœur les pièces qui ornaient son recueil, car tout son cœur tendre et généreux sembla passer dans ces vers, bien humbles, mais auxquels elle avait infusé du sublime, en y faisant passer l’émotion intense de son âme sensitive !