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— Tu veux ?

— Pourquoi pas, puisque tu n’en as plus ?

Cécile eut un moment de tristesse. Cette chère enfant, elle n’en avait à proprement parler jamais eu. Sa mère ne fut pas une vraie mère pour elle ! Elle le fut du bout des lèvres ; elle le fut par la chair ; elle ne le fut jamais par le cœur ! Combien de fois, cette chère enfant avide de caresses, ayant besoin de la chaleur du sein maternel pour consoler ses peines enfantines, ne trouva, en retour de ses épanchements, que froideur et indifférence !

Quand mes occupations me permettaient de courts séjours à la maison, c’est dans mes bras qu’elle venait chercher l’affection dont son jeune cœur avait besoin. Pauvre petite ! comme je la comprenais bien, sans toutefois pouvoir lui accorder ouvertement ce qu’elle demandait ! L’étreinte de ses petites mains, répondant à mes caresses, en disait plus que des paroles ; car aucun mot d’affection ne pouvait sortir de mes lèvres sans qu’un regard parfois de jalousie, mais toujours moqueur, vînt obscurcir notre bonheur !

Depuis son arrivée à Port-Joli, Cécile avait commencé de goûter l’affection maternelle. Allie avait eu pour elle les mêmes attentions que pour les siens. Comme toutes les âmes de sa trempe, elle se donnait complètement. C’est dire que les élans d’affection qui se dégagent