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mes intérêts dans la compagnie de diamants. Je ne pourrais faire de placement, plus sûr. J’ai chargé mes avocats de surveiller mes intérêts et, à moins de complications graves, il n’y a aucun danger. Même si l’Afrique est réellement au bout du monde, j’y reviendrai, comme j’y suis déjà venu, si c’est nécessaire.

Celle qui fut ma femme prend du mieux et en réchappera. J’en suis heureux pour elle, et j’ai donné instruction aux médecins de ne rien épargner pour sa guérison, quoique, légalement, j’aie déjà pourvu à son entretien.

Je lui ai annoncé mon départ définitif pour le Canada et lui ai fait part de mes projets d’avenir. Elle sait, que Cécile est chez toi, mais elle n’a pas versé une larme à la pensée de se voir séparée de son enfant pour toujours. Les entrailles maternelles ne sont pas toutes identiques ! Peut-être a-t-elle cette force de dissimulation commune à ceux de sa race ! Peut-être aussi que, derrière cette impassibilité apparente, se cachent des douleurs intimes et profondes ! Mais bien habile serait celui qui pourrait percer cette croûte mystérieuse ! Dieu sait, cependant, ce qu’une larme peut attirer de sympathie ! Je l’ai attendue en vain, cette larme de repentir !

Je serais parfois porté à qualifier de scénario cette partie de ma vie, si Cécile n’était pas là pour me rappeler à la réalité. Seul, qu’aurais-je fait avec cette enfant ? J’aurais erré d’un endroit à un autre, comme une âme en peine ! Avec toi pour guide, je la sais en sûreté, et je suis heureux de me confiner dans ce bonheur !

À mon arrivée, je me mettrai immédiatement à la tâche de la reconstruction du manoir.

Voudras-tu remettre la lettre ci-incluse à Cécile ?

Reste assurée de mon entière affection.

Olivier