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à la politique sud-africaine. Là où est le cœur, là est l’esprit, et c’est vers vous que convergent toutes mes pensées. À quoi bon prolonger mon séjour ici ! Je résignerai mon siège aussitôt après la session qui achève. Est-ce assez significatif ? Je le fais sans regret, moi qui y tenais tant auparavant !

J’imagine, comme je le disais au commencement de ma lettre, que la neige couvre de sa nappe blanche toute la région de Port-Joli. Cécile doit en avoir pour son compte ! Je me rappelle encore, comme dans un rêve, la satisfaction de se sentir bien au chaud, dans les maisons confortables du Canada, pendant que la tempête fait rage au dehors. En avons-nous de ces fameuses tempêtes à Port-Joli ? Te rappelles-tu quand je charroyais les bûches d’érable, pour entretenir le feu dans le gros poêle à deux ponts ? Ici, le soleil nous cuit tout vivants, et je ne sais ce que je donnerais, en ce moment, pour un souffle de la bise canadienne ! Les tempêtes de sable font souvent rage, et nous sommes obligés de nous munir de goggles pour nous protéger la vue. Vraiment, j’aime mieux la « poudrerie » canadienne ! Car, si la neige nous colle au visage, elle a du moins l’effet de nous fouetter le sang et de le faire sortir à fleur de peau ! Ce qui faisait dire à un Anglais : « En Angleterre, les roses fleurissent en été, dans les jardins, et, au Canada, sur les joues des femmes, en hiver. »

Je cueille en imagination une de ces roses charmantes et, après en avoir respiré le doux parfum, je baise les pétales qui s’effeuillent sous la chaleur de mon haleine. Si cette fleur était toi, Allie !

Embrasse la mienne et les tiens pour moi, avec la même affection pour tous.

À toi, que puis-je dire de mieux que : au revoir !

Olivier