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Quand reviens-tu au Canada, combler le vide de ton absence à Port-Joli ?

J’ose espérer que tu n’auras pas trop de difficultés à liquider tes affaires !

J’aborde en tremblant un sujet trop intime peut-être, mais n’y aurait-il pas moyen de te réconcilier avec celle qui a eu le privilège de porter ton nom pendant tant d’années ? Ah ! n’y vois aucune immixtion de ma part dans tes affaires personnelles ! Mais un bon conseil n’a jamais nui ; et Dieu sait que je ne voudrais pas t’engager dans une fausse direction. N’y vois pas non plus quelque désir de m’arracher à la douce tâche que tu m’as confiée, car ce serait avec un chagrin réel que je me verrais obligée de renoncer à cette vie nouvelle que, dans mon esprit, j’ai déjà idéalisée. C’est pour elle, cette pauvre femme, qui, peut-être uniquement parce qu’elle n’a pas eu l’avantage d’une formation toute chrétienne et catholique, ne voit pas les choses sous le même angle que nous. Encore une fois, n’y vois ni crainte ni regrets de ma part, mais l’unique souci de notre bonheur à tous.

J’attendrai la lettre annoncée dans ton câblogramme avant de t’écrire de nouveau. Tu as dû recevoir le mien, qui t’a, sans doute, tiré d’inquiétude, en attendant cette lettre. Quand je songe qu’elle ne te parviendra pas avant un mois, cela me fait mesurer toute la distance qui sépare Port-Joli de Capetown ! Heureusement que le câble rapproche les distances ! Ainsi, nous nous sentons un peu plus près de toi. Cécile joint une lettre à la mienne. Elle te dira mieux que moi ses impressions.

Affectueusement,
Allie