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de soulagement quand je compris que c’était pour gagner du temps que tu avais changé ton programme.

Ainsi avertie, je fus moins surprise de la dépêche de Mère Marie-Saint-Ambroise. J’avais hâte de voir ta Cécile et je répondis que je les attendais avec anxiété.

Deux jours plus tard, j’eus le bonheur d’ouvrir ma porte à ton enfant. Ma réception a-t-elle été aussi chaude que je l’aurais voulue ? J’ai tout lieu de le croire. Cécile s’est jetée dans mes bras et nous nous sommes embrassées avec effusion. Nous avons pleuré toutes deux, dans cette première étreinte. Quand, enfin, nos yeux mouillés de larmes se rencontrèrent, nous nous étions comprises. Je l’ai lu dans ses prunelles brunes ; elle a dû lire, dans les miennes, l’affection que je lui portais déjà, car elle s’est de nouveau jetée sur moi, dans une nouvelle étreinte, moins nerveuse, mais plus affectueuse que la première.

Comme elle te ressemble, Olivier ! Je l’aurais reconnue sur la rue. Elle a l’air bien heureuse avec mes petits, qui lui ont fait un accueil fraternel. Déjà, on dirait qu’ils se connaissent depuis toujours. Ils se tutoient comme de vrais frère et sœurs. Au moment où j'écris, ils font parler Cécile en hollandais et s’amusent à essayer de prononcer les mots qu’elle articule et qu’ils répètent plus ou moins bien, si j’en juge par l’hilarité que Cécile manifeste.

Hier soir, Cécile est allée jouer au tennis à la Bastille, avec Jacques. Elle s’est beaucoup plu dans la compagnie des villégiateurs attardés à l’hôtel. (M. Latour n’est pas encore parti.) Je l’ai mise en garde contre notre traître vent du nord-est, l’ennemi de tout le monde ici. Elle a bien hâte de voir la neige canadienne ! Peut-être sera-t-elle rassasiée quand nous aurons été ensevelis six mois sous l’avalanche.