plus beaux ? Une douce chimère, longuement caressée, fait tant de bien que, même quand elle s’envole, on lui tend les bras pour l’inviter à revenir. Mais,… à côté des rêves,… il y a la réalité !
— Tu as l’air tout troublé, Olivier ! Que se passe-t-il ?
— D’abord, il me faut partir ! Partir, comme dit la chanson, « c’est mourir un peu, c’est mourir à ceux qu’on aime » !
— Et revenir, n’est-ce pas revivre à ceux qu’on aime ?
— Tu joues bien ton rôle d’ange consolateur, Allie ! Mais qui m’assure que je reviendrai ? Qui aurait pu prévoir, lors de mon départ pour la guerre, un retour si lointain ? Qui aurait osé prédire, dans le temps, que le petit peuple boer eût pu résister trois longues années à la superbe Albion ? Qui eût pu deviner la suite d’aventures qui m’échurent, dans un enchaînement inextricable, et qui me dit que je reviendrai jamais à Port-Joli ? J’ai entrevu l’intérieur du paradis terrestre, mais j’ai lu sur la porte ces mots fatidiques : Entrée interdite ! Trop tard !
— Il ne faut pas te laisser aller au découragement, Olivier ! As-tu déjà remarqué que c’est à la fin d’un orage, quand tout paraît le plus sombre, que le soleil se montre le plus brillant ?