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Le lendemain matin, nous nous rendions chez le notaire, pour passer le contrat de vente par lequel je devenais le propriétaire du domaine seigneurial des de Gaspé.


XXXVI


Mon pèlerinage au pays des ancêtres tirait à sa fin. Quel enchantement que de revivre un passé si plein de souvenirs charmants ! Je m’étais comme éveillé de je ne sais quel sommeil léthargique, qui me semblait maintenant être un conte des Mille et une Nuits. Et, pourtant, j’avais bien vécu ces vingt années au cours desquelles j’avais acquis une fortune immense qui avait peut-être été la cause de la perte de mon bonheur !

Des rêves de ma jeunesse, où j’entrevoyais la douceur d’un foyer modeste, rempli de nombreux enfants, que me restait-il ? Ma fille unique, enfermée dans les murs d’un pensionnat de la vieille mère patrie ! Tout s’était dissipé, comme les nuages, sous le soleil brûlant d’Afrique. Image de ma vie, toute resplendissante, mais stérile ! Que vaut à l’homme la fortune, s’il n’a pas, pour épancher son cœur, un cœur d’ami dans un cœur d’épouse ? L’amitié n’est-elle pas la rosée bienfaisante qui rafraîchit