— Ma tante, mon séjour chez vous restera un des plus heureux épisodes de ma vie, cette vie qui me réapparaît sous son vrai jour, depuis mon retour au pays !
Au cours de la journée du lendemain, je bâclai l’achat du domaine avec mon oncle. Celui-ci l’apprit à ma tante pendant le souper que je pris avec eux.
— On va-ti être heureux, hein, Philippe ! Habiter le faubourg ! L’rêve de ma vie ! Le bon Dieu est ben bon ! dit ma tante dans une sorte d’extase.
— Et c’est Olivier qui nous donne une maison au faubourg, par-dessus le marché !
— J’regrette pas de t’avoir fait de la galette, mon petit Olivier ! J’t’en ferai encore ! Quand nous serons installés au faubourg, tu viendras nous voir ? Tiens, comme c’est ton dernier repas icitte, puisque tu veux absolument t’en aller, j’t’ai fait une autre surprise !
— Laquelle ? Ah ! ma tante, je crois sentir !
— Un pudding à la vapeur, aux framboises des champs !
— Décidément, ma tante, vous me gâtez !
— Ça m’fait tant plaisir ! Quand ta femme sera arrivée, je lui montrerai comment faire la galette et le pudding aux framboises. Elle doit parler français, ta femme !
Je n’eus pas le courage de lui répondre et je détournai la conversation.