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joyeuse, vint enfin nous annoncer que le dîner était servi.

Au moment où elle ouvrit la porte de la salle à manger, je humai une odeur de galettes de sarrasin.

— Ça sent bon ! lui dis-je.

— Mon p’tit Olivier, j’me rappelle de tes goûts ! J’sus sûre que t’en as pas mangé souvent, chez les Boers !

— J’avais même oublié ce mets délicieux, ma tante. Mon odorat, plus fidèle que ma mémoire, me le rappelle avec tant d’acuité que, si mon estomac n’a pas dégénéré, je me charge de faire honneur à votre bonne galette !

— C’est d’la galette au levain, me dit ma tante, toute glorieuse de son flair. Regarde à côté de ton assiette, Olivier, la crème enlevée de sur les « vaisseaux » !

— Décidément, ma tante, vous me gâtez !

— Te rappelles-tu que ta pauvre mère, cette chère Angélina, te traitait de « safre[1] », quand tu sautais sur la galette qui avait les plus gros yeux ?

— Vous avez une mémoire, ma tante ! En effet, vous me faites me rappeler toutes ces scènes de mon enfance, et je les vois comme si elles s’étaient passées hier !

— Alors, tu ne regrettes pas d’être v’nu ?

  1. Gourmand.