Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
– 229 –

d’argent hier au soir ! T’aurais presque acheté ma terre avec c’que t’as donné au curé. Mais p’t’être qu’en fouillant dans le fond de tes poches, tu en trouverais assez. J’connais pas tes moyens !

— Nous allons d’abord visiter la terre et, ensuite, nous parlerons d’affaires ; mais pas avant que ma visite soit finie ! Je ne veux pas gâter mon congé, vous savez !

— Comme tu voudras et quand tu voudras ! Tes mon invité et j’veux te recevoir comme il faut !

Nous fîmes le tour de la ferme et, à midi et dix, nous étions de retour.

— Tu dois avoir une terrible faim ! me dit mon oncle. Il ajouta aussitôt : Il vaut mieux laisser faire la bonne femme. Ça l’énerve, quand on surveille le pot qui bouille !

— Il fait si bon, dehors, mon oncle ! Et, d’ailleurs, je n’ai pas faim.

— Ta pauvre tante, elle est toujours tâtonneuse « pareil » ! J’ai passé plus de temps à attendre après elle, dans ma vie, qu’à manger ! Mais elle a si bonne volonté ! C’est patient comme un ange, mais lent comme la mort ! J’cré ben que, si j’lui envoie chercher la mort pour moi, j’vivrai vieux !

Les boutades de mon oncle ne hâtaient pas le dîner ; mais, comme il disait, « à force de tâtonner, ça vient à venir ». Ma tante, toute