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d’incompatibilité de caractère. Elle l’obtint facilement, car je n’y fis aucune objection. Heureusement, le tribunal vit clair dans toute l’affaire et me confia la garde de Cécile ! Elle est toute à moi et je pourrai maintenant en faire une bonne petite Canadienne, car elle aime notre pays sans trop se rendre compte pourquoi, mais sans doute par atavisme.

Le scandale de notre divorce fit tant de bruit que je décidai, il y a trois mois, de quitter le pays pour un temps indéfini.

Tu comprends maintenant, Allie, ma réserve à ton égard. Devant la loi de mon pays, de tous les pays, je suis libre ; mais, devant Dieu, je reste attaché à cette femme par les liens indissolubles du mariage.

Pour avoir passé une fois à côté du bonheur, il ne me reste que la douce illusion de vivre à son ombre, sans jamais espérer que ses rayons puissent m’atteindre. Comme consolation, il me reste notre amitié. Libre à toi de la rompre, si tu m’en juges indigne !

— Pourquoi tes malheurs diminueraient-ils l’estime que je t’ai conservée ? Tu me les a révélés avec des accents d’une telle sincérité et une émotion si naturelle que, loin de diminuer mon affection pour toi, ils n’ont fait que l’accroître !

— Tu rallumes en moi, Allie, une flamme que je croyais à jamais éteinte, celle de l’espérance. Pouvant compter sur ta sympathie,