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semble s’élever, l’irritait plutôt qu’il ne lui procurait le bonheur dont se sent envahir d’ordinaire la jeune épouse sur le point de devenir mère. Sa position avait d’abord dérangé ses habitudes sportives : plus de courses à cheval, plus de randonnées périlleuses ; la vie d’intérieur pour tout partage. Elle détestait cette vie si naturelle aux autres femmes.

Combien de fois ai-je essayé de lui exprimer mon bonheur de la voir bientôt revivre dans un enfant qui nous serait cher, parce qu’il serait beau comme sa petite maman. Un sourire sarcastique se dessinait toujours sur ses lèvres, qui ne manquaient pas de beauté et que la maternité tendait à embellir davantage. Un jour que j’essayais de nouveau de lui exprimer mon bonheur, elle se leva toute rouge de colère et me dit avec menaces :

— Notre enfant ne sera pas catholique, ou nous vivrons séparés ! Je prétexterai n’importe quoi pour obtenir un divorce !

J’eus beau lui rappeler ses promesses, dûment signées de sa main, elle ne voulut pour rien au monde revenir à de meilleurs sentiments. Je n’insistai pas, craignant les conséquences graves d’une telle saute d’humeur. Je lui répondis simplement : Nous verrons.

— C’est moi qui y verrai, me répondit-elle.

Je n’ajoutai pas un mot, bien décidé naturellement à respecter nos engagements envers l’Église.