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lit de paille, sur lequel Cécilia, plus morte que vive, s’étendit. Il ne fallait pas songer à passer la nuit dans ce réduit, loin de tout médecin et hors d’atteinte par téléphone. Le seul moyen de transport à notre disposition était le pousse-pousse d’un noir qui demeurait non loin de la ferme. Je décidai de l’utiliser.

Après un parcours qui paraissait s’éterniser, sur un chemin rocailleux, nous atteignîmes enfin la grand’route. D’un trot léger et régulier, le nègre tira la voiture, chargée de son précieux fardeau, et, vers les neuf heures, Cécilia tombait dans les bras de Mme  de Villiers, qui était venue la rencontrer à la grille.

Tu t’imagines, Allie, l’émotion causée par cette arrivée tragique, où je faisais l’office d’oiseau de malheur. Tous furent, cependant, très corrects à mon égard. Mme  de Villiers m’invita même à venir prendre à loisir des nouvelles de sa fille.

La famille ignora tout de nos fiançailles, pendant quelques jours. Mais je crus qu’il était de mon devoir de les mettre au courant. La sympathie qu’ils me témoignèrent me toucha profondément. Ils me considérèrent dès lors comme un des leurs.

M. et Mme  de Villiers avaient atteint l’âge mûr, et sous leur extérieur austère de puritains se cachait une nature plutôt sympathique, qui se dévoilait dans l’intimité.