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— Nous n’avons pas de temps à perdre ! interrompit-elle. La tornade pourrait bien s’annoncer plus tôt que nous ne nous y attendons ! Vous n’avez pas d’idée de ce qu’est une tornade sur la montagne Table !

— Nous pourrions retourner ! hasardai-je timidement.

Cécilia éclata de rire.

— Attention ! Forward ! me dit-elle, en me saluant militairement.

Je la trouvai superbe dans cette attitude et je ne pus m’empêcher d’admirer son courage. Je me pliai à sa volonté. Hélas ! combien de fois, depuis, ai-je subi l’influence de cette voix cassante, qui ne souffre pas de réplique et qui ne s’incline ni devant l’autorité ni devant le raisonnement.

J’avais été vaincu par cette femme dès notre première randonnée à cheval. La maîtrise avec laquelle elle avait mis Nellie à la raison, sa démarche altière, sa beauté incomparable, sa volonté intraitable même m’avaient conquis tout à fait. De là à faire le pas fatal, il n’y avait pas loin.

Je repris mon courage et me gantai pour l’ascension. Cécilia faisait des enjambées d’athlète, accrochant ses mains légèrement gantées aux saillies pointues des rochers, qui menaçaient à tout moment de nous lacérer les chairs. Enfin, nous aperçûmes le sommet de la montagne.