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— Par convenance ! Mon père est juge en chef de la colonie ; il faut bien faire figure d’amis !… Savez-vous pourquoi vous m’avez plu ?

— Est-ce le siège ?

— C’est un ultimatum !

— Je me rends !

Voilà, ma chère Allie, comment je connus Cécilia… et comment je cédai à son ultimatum. Le sort de la guerre m’avait constitué prisonnier de l’ennemi ; l’amour forgeait les anneaux d’une nouvelle chaîne : chaîne dorée et auréolée de beauté, mais qui resserrait tous les jours ses liens autour de ma volonté !

Après ce déjeuner fatal, nous commençâmes l’ascension proprement dite de la montagne, par une crevasse située à l’arrière, du côté nord, la seule accessible à l’homme.

Nous avions huit milles de trajet derrière nous, et Cécilia avait désigné, pour le dîner, un endroit connu, près du réservoir de l’aqueduc. Mon substantiel déjeuner m’avait donné du courage, mais non pas la souplesse et la gracieuse agilité de Cécilia. Pourquoi, dans cette randonnée fatale, l’ai-je suivie, au lieu de la précéder ? J’ai toujours trouvé dans ce tableau l’emblème de ma vie.

Allie, qui avait feuilleté son recueil de poésies tout le temps que j’avais parlé, en sortit une pièce intitulée : Ton nom, et me la présenta.